Début du XIIème siècle, des moines de l’ordre de Saint Bruno cherchent un lieu reculé, isolé de toute vie, propice à la prière et au recueillement pour s’y installer. Ils trouvent le site de Vaucluse, signifiant « la vallée fermée », situé au niveau d’ONOZ au bord de l’Ain dans le Jura. Encaissé et bordé de forêts épaisses, le lieu est accessible par un simple chemin. C’est ici qu’ils vont établir la chartreuse de Vaucluse. Fondée probablement en l’an 1139, elle abrite une dizaine de pères répartis autour du grand cloître dans des cellules individuelles. Car ici, le silence et l’isolement de chaque père sont nécessaires à la prière. Durant les siècles qui suivirent, la chartreuse de Vaucluse oscillera entre des périodes fastes et d’autres sombres : des donations de terres, prés et forêts, des protections royales ou papales alterneront avec des pillages, incendies, procès, contestations de droits acquis, expulsions des moines hors de leur enceinte.
A la Révolution, après six siècles et demi de vie monastique, les moines sont définitivement chassés de la chartreuse de Vaucluse. Déclarée alors bien national, elle fût acquise par un particulier et commença alors une deuxième vie, laïque cette fois-ci.

Dès les années 1950, EDF envisage la construction d’un barrage, prévoyant ainsi d’engloutir en amont trente-cinq kilomètres de la vallée de l’Ain. Les études géologiques menées par les ingénieurs confirment le bien-fondé de Vouglans pour la construction de l’ouvrage. Des voix s’élèveront contre l’impact de cette construction, mais resteront vaines.

C’est ainsi qu’en 1968, date de la fin de la construction du barrage, la chartreuse de Vaucluse et son ancien barrage sont ennoyés dans l’immense retenue du barrage de VOUGLANS (troisième retenue de France par son volume d’eau). La chartreuse de Vaucluse et son ancien barrage sont les seuls ouvrages épargnés par la destruction préventive qui a frappé les hameaux de BOURGET, BELLECIN et BRILLAT. La raison de cette faveur reste un mystère. Un demi-siècle plus tard, la chartreuse de Vaucluse reste intacte, mais est recouverte d’un épais linceul de limon blanc. Pas une pierre n’a bougé, pas un mur ne s’est effondré, seul le faisceau des plongeurs vient parfois transpercer la nuit glaciale qui y règne. Ne profite pas de ce spectacle qui veut ! L’eau est à 5°C, la nuit est totale, la visibilité varie entre 50 cm et 5 m et la profondeur est de 60 m et plus, soit la hauteur d’un immeuble de 20 étages. Pour profiter quelques minutes de ce lieu exceptionnel, une préparation minutieuse des plongeurs est nécessaire, afin de garantir la sécurité de chacun et la réussite de la plongée. Les plongées sont courtes, trop courtes pour découvrir par bribes les grandes salles, les couloirs, l’église, le chapitre, les terrasses, l’hostellerie et le cloître de cette exceptionnelle chartreuse.

Il reste tant à découvrir sur ces vestiges. L’imposante hauteur d’eau du lac complique les recherches mais ne les interrompt pas.
Après cette disparition que l’on pensait définitive, la chartreuse de Vaucluse renait petit à petit à travers l’intérêt porté par tous les passionnés d’histoire, de mystère et d’eau.

Auteur : Gérald Naigeon

1946 précisément

Randonnée pédestre, France, Ain (01), Franche-Comté, Jura (39)

Montagne

Film 8 mm

Noir & Blanc

Muet

00:15:50

0175--0025