La visionneuse est un appareil bien souvent acheté à la légère et auquel on n’attache pas assez d’importance. Cependant, comme dans le projecteur, vos films vont passer et repasser des dizaines de fois dans la visionneuse et auront ainsi l’occasion de se détériorer irrémédiablement si celle-ci n’est pas de construction très soignée. Une bonne visionneuse doit :
· Ne pas rayer les films. Faire un contrôle en passant plusieurs fois en avant et en arrière un bout de film exempt de rayure (vérifier à la loupe sur les deux faces). Après cette opération aucune rayure ne doit apparaître aussi minime soit elle.
· Permettre la mise en place et le retrait rapide du film. Le confort et la rapidité du montage y gagneront. Également vérifier que le film soit suffisamment dégagé lors de ces opérations pour qu’il n’y ait pas risque de rayure. Le poinçon de marquage est souvent la cause de détérioration du film. Ne pas hésiter à l’enlever et à utiliser si possible le marquage au crayon gras.
· Donner une image nette et lumineuse, mais pas forcément immense. Préférez une petite image bien définie à une image plus grande mais de moins bonne qualité. Il y a des dépolis plus ou moins directifs et plus ou moins fins.
· Avoir une lampe facile à réapprovisionner et peu onéreuse. Lampe sphérique 6V-10W
· Être robuste : le plastique n’est pas toujours synonyme de mauvaise qualité car il ne sert quelque fois que de carrosserie.
Les visionneuses d’amateurs, en grande majorité, sont mal adaptées à un bon travail de montage, mais on peut toujours les améliorer.
____
Article de Claude Bondier issu dans la revue du Caméra Club d’Annecy n °14 (octobre 1973)
Ci-contre, la trappe située au dos de la visionneuse cachant un petit objectif de projection
Contrairement aux films professionnels tournés en négatif puis tirés en positif avant d’être montés, les films destinés aux amateurs sont pour la grande majorité des pellicules inversibles. C’est le même film qui est chargé dans la caméra, envoyé au laboratoire pour être développé directement en positif et retourné par la poste. La bobine montée par le cinéaste amateur est donc bien souvent un exemplaire unique qui mérite le plus grand soin.
Une fois les bobines visionnées, les plans sélectionnés, découpés et classés selon un scénario plus ou moins élaboré, il est temps d’assembler le film. Le cinéaste amateur doit pour cela disposer d’une colleuse, d’une certaine minutie et d’une infinie patience.
Il existe deux familles de colleuses qui se déclinent en une multitude de modèles :
Les colleuses à colle ou presses à coller
De la presse à coller en bois Pathé-Baby aux colleuses tri-format, le principe reste le même. Le film est assemblé par superposition à l’aide d’une colle qui est en réalité un solvant qui dissout le support du film puis le ressoude en séchant. Vous pouvez trouver diverses recettes de colle à film artisanales sur Internet >>>
Le positionnement de la pellicule varie d’une colleuse à l’autre et demande parfois quelques essais afin d’être tout à fait maîtrisé. Si la rangée latérale unique de perforations des films 8 mm, Super 8 et Super 16 évite de se poser trop de questions, les films 9,5 mm à perforations centrales et les 16 mm double perforations peuvent parfois induire en erreur. Notez que la colle à film ne fonctionne pas sur les films en support polyester.
Méthode pour bien coller
Placez les deux morceaux de pellicule à assembler de chaque côté en engageant les perforations dans les ergots, rabattez les volets presseurs et assurez vous que les deux morceaux de pellicules soient bien alignés et sur la même face : le coté le plus mat, celui de l’émulsion vers vous. Pensez en manipulant que vos doigts laisseront leurs empreintes sur la pellicule ! Avec le couteau intégré ou une lame de rasoir découpez les extrémités, avec le grattoir retirez la fine couche d’émulsion et nettoyez les résidus à l’aide d’un pinceau, appliquez le bon dosage de colle ni trop (bavure) ni trop peu (la collure ne tiendra pas) sur la partie grattée, rabattez les volets presseurs afin de superposer les deux bouts de films pendant une vingtaine de secondes, soulevez les volets et dégagez délicatement le film.
[suite à la page suivante]
Les colleuses à bande adhésive
Les colleuses à adhésifs utilisent une bande adhésive transparente spécifique au film. N’imaginez pas recycler le rouleau de Scotch de bureau.
Méthode pour bien coller
Disposez une ou deux épaisseurs de bande adhésive au niveau du repère central avant de placer la pellicule. Utiliser le couteau pour découper les extrémités à raccorder. Les 2 morceaux de film centrés sur les repères sont simplement juxtaposés. Appliquez la bande adhésive bien tendue avec une pression du doigt pour éviter les plis et bulles d'air, abaissez le levier presseur qui va venir découper la bande adhésive au bord de la pellicule et au niveau des perforations.
Sur certaines colleuses le scotch est découpé avec la longueur suffisante pour le rabattre sur l’autre face, sur d’autres il faudra retourner le film et répéter l’opération pour coller le verso. Pour les films sonores évitez de recouvrir la piste magnétique. Il existe également des colleuses pour bandes adhésives pré-perforées (illustration ci-contre), des colleuses automatiques, motorisées qui positionnent le film et coupent toutes seules.
Le secret d’une bonne colleuse, qu’elle soit à colle ou bande adhésive, réside dans son entretien : le nettoyage régulier de tous les résidus de film, de colle ou de scotch et l’entretien de ses différentes pièces (tutoriels à découvrir ici et là).
Si le montage à la colle peut s’avérer plus fastidieux que celui à l’adhésif, il s’avère être la meilleure technique pour la conservation à long terme car les bandes adhésives finissent par se dégrader, jaunir et laisser des traces difficiles à effacer.
A la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain, les colleuses représentent des outils indispensables pour restaurer les films qui nous sont confiés, pour assembler les bobinots bruts avant de les numériser. Elles sont également indispensables pour reprendre les innombrables collures de films minutieusement assemblés et documentés il y a presque un siècle. Elles permettent de résoudre les puzzles que deviennent des bouts de bobines réparées et enroulées avec les moyens du bord. Parfois même sur les photogrammes découpés un à un pour d’obscures raisons ou encore les entrelacs de chutes de films jugées impropres au montage par leurs auteurs et qui de temps à autre, une fois assemblés, révèlent d’heureuses surprises.
____
Margot Lestien
Ci-dessous, photo d'ensemble de colleuses diverses et variées provenant d'époques diverses et variées
On oublie vite le confort dans lequel nous nageons quotidiennement. Tenez, par exemple, le vidéaste amateur d’aujourd’hui qui, devant son logiciel de montage préféré, se dit « Si j’insère un titre ici, ça va être sympa » n'a que trois clics et quelques tapes à faire sur son clavier pour créer le "carton" qu’il avait imaginé. Après visionnement, il se dira « Zut, j'ai oublié un N à Annecy » et en deux clics il corrigera son erreur.
Allons en 1932. L’arrière grand-père de notre vidéaste monte sur pellicule 9,5mm et pense « Si j’intercalais un titrage ici, c'eusse été enjaillant ». Il sort alors sa Lanterne Pathé-Baby Titra, son casier à caractères et se met au travail. Une par une, il choisit ses lettres et les place sur le cadre à l’aide de sa pince brucelle, en faisant attention de ne pas déloger les lettres déjà placées. Il lui faut quinze minutes pour placer dix mots et effectuer sa courte prise de vue de son "carton". Lorsqu’il se rendra compte quelques temps plus tard, en projection devant sa famille et ses amis, qu’il a oublié un N à Annecy, il enragera si fort que même son arrière-petit fils le ressentira 80 ans plus tard.
____
Pierre Bouchut
Infos & détails
Fabriqué entre 1929 et 1939
Déposant : Bernard Feret
Utilisateur : Albert Feret
Bernard Feret nous a confié cette caméra et bien d’autres appareils 9,5mm utilisés par son père Albert Feret. Son portrait et ses films sur notre site >>>
Lorsqu'on achète une boite de chocolats, la reproduction du tableau de maître imprimée sur le couvercle est parfois aussi exquise que les chocolats eux-mêmes. En cinéma amateur, les intertitres sont également parfois plus sympathiques que le film lui-même.
Le banc-titre Titray 8 est un outil multifonction permettant de faire tous les principaux types de titrages (fixe et déroulant) et les principales transitions (ouverture/fermeture par volet, retournement recto/verso, ouverture/fermeture de page) dont le cinéaste a besoin.
Vendu en 1957 à un tarif de 9 715 Anciens Francs (soit 200 € de 2019) le Titray 8 était un investissement important mais qui en valait la peine pour le cinéaste souhaitant parsemer ses montages de commentaires aussi beaux et renversants qu'un tableau de maître.
____
Pierre Bouchut
Déposant et utilisateur : Robert Masson
Robert Masson nous a confié ses films, témoignage de la vie du village de Sardières en Haute Maurienne ainsi que tout son matériel 8 mm et les centaines de titres minutieusement peints à la main. Son portrait sur notre site >>>
Afin de faire de beaux intertitres, le cinéaste amateur n'a pas forcément besoin de matériel complexe. Introduire une séquence avec un titrage écrit à la craie sur une ardoise suffit amplement. Si le cinéaste désire aller un peu plus loin en terme de composition ou d'animation, les fabricants d'accessoires de toutes époques ont cherché à lui simplifier la vie.
Avec ces boites remplies de "caractères amovibles pour titre ciné-amateur" (la marque J.A.D.E.R. les désigne ainsi dans sa notice), le cinéaste va pouvoir faire des titres plus rigoureux en terme de mise en page et d'animation, qu'avec une craie. Les caractères peuvent être autocollants, aimantés, à piquer, totalement plats ou en relief et parfois fournis avec des fonds sobres ou fantaisistes.
____
Pierre Bouchut