Pathé-Baby Motocaméra

A Noël 1922, Pathé propose le projecteur Pathé Baby qui est d’un emploi simple et sans danger (enfin… pour ce qui est de la pellicule, il y a tout de même le danger électrique, avec l’utilisation du courant 110 volts pas particulièrement protégé…). Ce projecteur, qui utilise des petits carters de film au format 9,5 mm, remplit pleinement la fonction pour laquelle il a été conçu : faire rentrer le cinéma dans les foyers. Il aura une belle carrière et au moins 250 000 exemplaires seront construits ! L’année d’après une caméra est proposée afin que l’amateur puisse tourner ses propres films et conserver un souvenir de ses chers bambins ou de la tante Adèle au bord de la mer. Cette caméra est manuelle : il faut tourner la manivelle au rythme de deux tours par seconde. Pas facile de trouver ni de tenir cette cadence… Aussi Pathé proposera assez vite un moteur accessoire, à installer à la place de la manivelle, et alourdissant énormément l’ensemble...

Après le grand succès du projecteur Pathé Baby, en 1928, voici la Motocaméra standard. C’est une belle avancée car le moteur est désormais intégré à la caméra, ce qui limite le poids total. Elle utilise les mêmes chargeurs de film que son ancêtre : 10 mètres de pellicule 9,5 mm enfermés dans une boîte étanche à la lumière se déroulent au fur et à mesure de l’utilisation. Elle ne possède qu’une seule vitesse de 16 images par seconde mais a un objectif de qualité : un Trianar fabriqué par la société Krauss. L’objectif ne possède pas de mise au point : tous les plans sont nets de 1,5 m à l’infini. Mais à l’avant de cet objectif, il est possible de fixer une bonnette pour diminuer la distance minimale de mise au point, permettant ainsi de filmer le portrait de la tante Adèle. On peut aussi y mettre un filtre rouge pour assombrir le ciel du bord de mer. La Motocaméra comporte un réglage de diaphragme pour limiter la quantité de lumière qui va frapper le film, dans le but d’obtenir une exposition parfaite. Ce qui n’est pas si facile à déterminer… Alors, on va utiliser le Posographe, cet accessoire plein de curseurs qu’il faut déplacer en face des conditions météo, de la date et de l’heure ou bien du type de paysage. Une fois que l’on a procédé à tous ces réglages, on peut lire le bon diaphragme à utiliser. Avant de se lancer dans un film, on n’oublie pas de fixer la Motocaméra sur un pied, sinon on a toutes chances d’obtenir un film flou…
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Jacques Charrat

La nouvelle Motocaméra Pathé présente sur la caméra Pathé si appréciée des amateurs, de sérieux avantages. Elle réunit en un seul bloc léger et de faible volume, l'appareil de prise de vues et le mécanisme moteur. Ce mécanisme de grande capacité, ne se remonte qu'une fois et permet de dérouler entièrement la bande cinématographique sans nécessiter de nouveau remontage en cours d'opération. La cadence est constante du début à la fin et le film se termine sans qu'aucun ralentissement du mécanisme ne se manifeste. Un perfectionnement très important a été réalisé dans le système d'entraînement. Alors que dans la caméra Pathé l'entraînement du film ne se faisait qu'à l'aide d'une seule griffe, dans la nouvelle Motocaméra, il est assuré par une double griffe agissant simultanément sur deux perforations. Ce nouveau mécanisme supprime toutes les causes d'enrayage et les arrêts inopinés au cours de la prise de vues. (...) Motocaméra complète en ordre de marche : 1100 frs.

Issu du catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC  >>>

Fabriquée à partir de 1928

Cadences : 8 et 16 i/s
1,4 kg à vide

Visée directe
Mise au point fixe de 1,5 m à l'infini
Dimensions :  125 x 110 x 70 mm
Chargeur Pathex

Déposant : Bernard Feret
Utilisateur : Albert Feret
Bernard Feret nous a confié cette caméra et bien d’autres appareils 9,5mm utilisés par son père Albert Feret. Son portrait et ses films sur notre site >>>

Pathé Webo A

La Pathé Webo A marque en 1946, le début de la longue coopération de Pathé avec l'ingénieur suisse Jean Weissbrodt. La marque WEBO est issue de son nom et de celui de Jacques-Jean Broïdo alors directeur commercial de la Société Française du Pathé-Baby. La Pathé Webo A utilise un chargeur pouvant recevoir 15 mètres de film 9,5 mm. C'est un modèle simple et robuste qui sera fabriqué pendant de nombreuses années.

VintageCamera.fr >>>
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La caméra Pathé Webo type A 9,5 mm. Ses avantages : chargeur à presseur et mécanisme internes permettant le chargement de la caméra sans aucune précaution spéciale (contenance du chargeur 15 mètres de film). Objectifs interchangeables par système à baïonnette, rapide et précis, breveté. Moteur de précision à remontage silencieux. Index d'objectif sur table de pose donnant les indications correspondant aux éclairages les plus courants. Viseur clair, avec réticule gravé, conçu pour différents objectifs. Indicateur de métrage dans le viseur. Prise de vues, image par image. Marche continue. Légèreté et présentation impeccable.  (Catalogue "Le Matériel cinématographique français", 1947)

Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC  >>>
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Variante 1 :
"Luxe" - Redesign de détail (angles légèrement arrondis, six stries horizontales sur le côté "clé" du boitier), coloris champagne, plus de tableau-guide des diaphragmes.

Variante 2 :
Comme Variante 1 avec redesign de détail (8 stries horizontales sur le côté "clé" du boitier), coloris gris. Rebaptisée Rio en 1958

"Catalogue des caméras françaises" de Patrice-Hervé Pont

Fabriquée à partir de 1946

Cadences : 16 i/s + image par image
0,9 kg à vide

Objectif interchangeable
Visée directe
Chargeur Type A

Déposant : Jean-Claude Marcelli

Pathé Rio Phot

La Pathé Webo Rio, ou plus simplement la "Rio", datant de 1958 est la dernière évolution de la Pathé Webo A (voir plus haut) initialement sortie en 1947.

La Rio Phot (présentée ici) sortie en 1961 est une Rio à laquelle a été intégrée une cellule photosensible pour mesurer l'entrée de lumière (plus besoin de Posographe, pas besoin de luxmètre !). Il y a peu de choses à dire sur cette caméra de très bonne facture qui n'a d'exotique que son nom. Cependant...

- ...juste une dernière chose, madame
- Oui ?
- Vous permettez que je fume ?
- Je vous en prie. Et par pitié, dites-moi ce que vous me voulez, inspecteur.
- C'est fou ce qu'un détail peut avoir son importance quand on s'y attache, n'est-ce pas madame ?

Comme indiqué dans le "Catalogue des caméras françaises" de Patrice-Hervé Pont, on reconnait la Rio Phot - entre autres - à son marquage "Pathé Webo Rio 9,5" inscrit sur une plaque circulaire, fixée sur le côté opposé à celui de la clé. Le modèle de caméra présenté ici ne possède pas ce signe distinctif. A la place dudit marquage se trouve une épaisse pastille ronde, contenant la lettre "L" très stylisée. Néanmoins notre modèle possède bel et bien les autres signes distinctifs d'une Rio Phot typique (le dessin en nid d'abeille, l'aiguille indicatrice dans le viseur).

Toujours dans le "Catalogue des caméras françaises", dans un paragraphe évoquant l'histoire de la société Pathé, je lis ceci : "Enfin, en 1968 la production cesse à Joinville. Moviesonics reprend alors la fabrication des caméra Pathé professionnelles (les Webo M), Ligonie celle des Rio Phot et Formosaflash celle des Camex."

Après quelques recherches sur le Web, je constate que notre caméra est en réalité une Limatic 9,5 (une Rio Phot fabriquée par la société Ligonie après 1968, donc) sur laquelle est collée l'étiquette en nid d'abeille typique des Rio Phot fabriquées par Pathé. Et poussant le bouchon encore plus loin et en observant de près notre caméra j'aperçois, dépassant de l'étiquette "nid d'abeille" collée légèrement de travers, des traces de colle (remontez plus haut à la première photo de cette caméra, vous le verrez). Ces caméras possédant habituellement des finitions impeccables, je ne peux en déduire qu'une seule chose :

- C'est à présent limpide, madame Limatic : vous tentez de vous faire passer pour une Rio Phot afin de toucher l'héritage de Pathé !
- Je l'avoue, j'ai usurpé l'identité d'une Rio Phot. Enfermez-moi, je l'ai mérité !
- On ne jette pas les gens en prison pour si peu, madame.
- Je... je suis confuse... J'ai honte !
- Ma femme me dit toujours que la vraie richesse se trouve à l'intérieur, madame Limatic. Oubliez le nom Rio Phot. Si on y réfléchit bien, l'héritage de Pathé, c'est vous.

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Pierre Bouchut

Ci-contre, vue de l'intérieur du viseur prise depuis l'œillet de visée. A droite, on distingue bien l'aiguille du posemètre intégré à la caméra.

Fabriquée à partir 1968

Cadence : 16 i/s + image par image
1,15 kg à vide

Objectif interchangeable
Visée directe
Chargeur Type A
Cellule sélénium couplée (cf : section "Caméras Super 8")

Déposant : Philippe Bonnot
Philippe Bonnot nous a donné la caméra de son grand-père qui était magistrat fonctionnaire au ministère de la justice en poste à Dakar, Abidjan, en Algérie, à la Réunion...
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Historique de la gamme Rio :
A partir de 1957 : Rio = pas de cellule photosensible et fabriquée par Pathé
A partir de 1960 : Rio Phot = avec cellule photosensible et fabriquée par Pathé
A partir de 1968 : Limatic 9,5 = idem Rio Phot mais fabriquée par Ligonie

Modéle présenté : Limatic 9,5 avec étiquette Rio Phot