Problématiques que rencontrent les producteurs rattachés à de petites fruitières de Savoie et Haute-Savoie face aux grand rassemblement de fruitières, à la production très haute, en dépit parfois d'un savoir-faire qualitatif. Le danger est que les grandes unités tombent dans les mains de grands industriels et quel les producteurs et coopératives perdent la main sur l'organisation de la fruitière. Les prix de production dépendent des lois du marché et la concurrence internationales viennent ajouter des difficultés.
Protagonistes: Michel Cornier, Raymond Naterne, M. Verdon, M. Crozet, M. Carron, Raymond Courlier, M. et Mme Lacombe, les frères Bertrand
Répétition joueurs de cors de chasse à Saint Geoire en Faucigny, groupe où joue Michel Cornier. Michel Cornier exploite un GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) avec Raymond Naterne et M. Verdon. Production de lait unique unique ressource du GAEC. Livraison usine de Saint Geoire, le reste est vendu en vrac à l'hôpital, aux colonies et classes de neige. Si excédents, la coopérative accepte de les absorber bien que le GAEC ne soit pas adhérent. Salaire mensuelle de 200 000 anciens francs chacun. 2 exploitations sur 7000 en Haute Savoie où le travail est convenablement rémunéré, exception.
Fruitière de Minzier, avec installations, logement de fonction, porcherie. Appartient aux agriculteurs de la commune groupés en coopérative. Chaque année ils la cède à un fromager qui signe avec eux un contrat d'un an.
Pendant des dizaines d'années, les fruitières ont bien rempli leur rôle de protection des agriculteurs. Emmental produit noble qui se vendait bien et le système permettait aux producteurs de lait d'un tirer profit. Les fromagers étaient aussi nombreux que les fruitières, si un ne faisait pas l'affaire on pouvait s'adresser à un autre. 14 fromagers tiennent la moitié des 300 fruitières de Haute Savoie, le rapport de force a changé de côté.
Dans les 2 Savoies, attachement aux petites fruitières comme celle que préside M Crozet aux Contamines où traitent pas plus de 2 000L de lait par jour. Pour lui comme pour d'autres agriculteurs cet attachement n'est pas seulement sentimental. Témoignage de M. Crozet: besoin d'une restructuration mais y aller sagement et prudemment, fruitière qui traite entre 4000 et 10000L est la meilleur forme ne serait-ce pour garantir la qualité du produit qui a besoin d'un traitement artisanal pour être valorisé. Crainte des gros industriels et du système avec Direction, conseil d'administration etc. où la gestion échappe au producteur.
Grosse coopérative de Yenne, concentration de plusieurs petites fruitières. M. Carron président, préoccupations pas si éloignées du précédent. N'est pas partisan d'une production de plus de 30 000L, au dessus échappe aux producteurs. Pas d'avenir pour les petites coopératives car ne suivent pas le produit jusqu'au bout, jusqu’à sa commercialisation. N'est pas partisan des très grosses unités mais d'une entente parfaite entre toutes les coopératives pour la commercialisation. Service commercial commun pour défendre l'emmental de Savoie. Faire le poids sur un produit de qualité. Conditions de vies des producteurs de lait n'est pas très bonne.
Animation, prix de vente, part reversée au producteur, intermédiaires, tomme coupée pour illustrée le prix d'un emmentals: 7% pour transformation, 10% pour affinage, 24% distribution, 7% TVA. La Part du producteur c'est ce qui reste du fromage quand tout le monde s'est servi soit 52%. Indexation au prix de vente était garantie quand l'emmental de Savoie était le seul sur le marché, il est aujourd’hui en concurrence avec des fromage fabriqué en Europe avec du lait moins cher.
Pour Raymond Courlet, agriculteur à Minzier, c'est là qu'est le rapport de force. Ce qui est anormal c'est que les prix de production sont fixés par les caprices du marché Il y a déjà assez d'aléas de production sans être les "dindons" du marché. Le marché c'est le patron. Pas de garantie du prix du lait, c'est selon l'offre et la demande.
Amertume d'autant plus vive que le prix du matériel ne cesse d'augmenter Prix d'un tracteur de 50c entre 1962 et 1971 avec l'équivalent en litre de lait
Les producteurs ont appris à connaitre ces mécanismes économiques et calculent ce que leur produit leur coûte en heure de travail, investissement, en amortissement. Il savent aussi ce qui ne se calcule pas, la peine, les soucis, le manque de loisir, et ils se disent que le compte n'y est pas. Témoignage de M. Lacombe et son épouse, agriculteurs à Cornier. consacre la 1ere heure de sa journée à la comptabilité, la réflexion, la lecture. Travaillent dès 5h30 pour livrer le lait tôt. Comme pour bcp d'autres agriculteurs de la région, la production laitière est la seule possible. Ne prennent pas de vacances. question sur la jeune génération qui ne s'habitue pas a ce rythme et type de travail et préfère aller travailler dans d'autres domaines et abandonne le travail de la terre. Leur fils de 21 ans travaille d'ailleurs à la scierie voisine et ne reprendra pas l'exploitation, il gagne plus que ces parents. D'autres vont travailler en Suisse. Carton " 127 000 anciens francs par mois en tout pour le travail de Mr et Mme Lacombe, aidés occasionnellement par leur fils. N'ont pas vraiment les moyens d'améliorer la situation, investir? Il faudrait qu'un de leur fils reprenne l’exploitation.
Les frères Bertrand, exemple de la modernisation par les investissements avec la construction d'une nouvelle étable. Pour renouveler leur troupeau ont vendu toutes leurs vaches au printemps pour en racheter de nouvelles à l'automne. Ils peuvent ainsi se libérer quelques heures par jours pour réaliser eux même une partie des travaux. Leur vie c'est le travail, peut être qu'ils arriveront à prendre du temps une fois que l'exploitation sera modernisée, célibataires " alors ça c'est un peu anormal", à cause de leurs conditions de vie. Ne se sortent pas de salaire tous les mois, consacrent tout à l'investissement, vive très bien mais sans extras. Ne pouvaient pas continuer comme avant car "ennemis de la médiocrité", cherchent des conditions de travail meilleurs. Ce qui compte c'est le niveau de vie et pas le capital. Expliquent qu'ils travaillent bcp trop par rapport à d'autres couches de la société et que c'est anormal. Pas le choix, essayer de s'en sortir. Mais la jeunesse sera passée
Voix-Off "Peut on demander à des hommes de prendre de tels risques, de faire de tels sacrifices? Dans quelques mois ils rachèterons un troupeau, ils ont tout miser sur le lait qu'ils produiront alors. Comment admettre que les caprices du marché puissent ruiner en qq mois les espoirs de ces hommes? Comment faire pour que le produit de leur travail leur permettent enfin à coup sur, de vivre normalement?"
Raymond Courlier, les producteurs de Hautes Savoie s'en aperçoivent de plus en plus, demandent des prix garantis et indexés sur leurs coups de production. Volonté de faire reconnaitre par le système économique le travail des paysans. Arriver à un seuil de prix garanti qui prenne en compte le travail des paysans. Plus il y aura des producteurs qui prendront conscience de la manière élégante par laquelle il sont exploités ca changera bien des choses. Ceux qui font le marché sont de moins en moins nombreux mais de plus en plus puissants. Les multinationales. Les producteurs ne font pas le poids. La solution est la prise de conscience des producteurs de cette situation. Question de la valeur du travail, humanité et non de profit
Quelque soit les solutions qu'ils proposent, il faudra bien que la voix de ces hommes soit entendue. Leur avenir personnel n'est pas seul en cause, déjà les plus favorisés d'entre eux ont renoncé où sont sur le point de le faire. au moment de leur départ, on découvre qu'ils n'étaient pas seulement des producteurs de lait mais aussi les jardiniers de ce paysage et que toute la vie mais aussi tout l'attrait de la région était attachée à leur présence. On découvre qu'un pays sans paysans est un pays mort, faut-il attendre d'en arriver là ?
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